Le père Noël est un punk rocker

Publié le 9 décembre 2008 par Joël Calatayud

Bientôt Noël, quel bonheur! Je pourrais tenter un article à propos de la relation historique et ambiguë entre le Rock et Santa Claus. Ben non. Toujours eu du mal avec cette perversion qu'est la chanson de Noël, fut-elle rock n'roll, fut-elle spectorienne. A la limite, je sauve Dutronc et son fils du père fouettard, mais toute cette tradition, franchement, même Eudeline fait semblant d'aimer ça. Ou alors je préfère penser à la dinde froide de Lennon, là déjà on se rapproche doucement de mon humeur qui va aller fracassanto jusqu'au 25 décembre.

Alors autant revenir vers le punk. Voilà le bon moment. Tiens, et si on se prenait pour Sid Vicious à l'instant des huîtres? Ou pour Iggy, torse nu sur la table, en hurlant "Vive le vent"? C'est curieux cette envie de punk, de punk rock plus exactement et, gaffe hein, pas n'importe quel punk rock.

Je n'ai jamais été punk. Très peu d'ailleurs l'ont été, ou alors pas longtemps, un truc à mourir jeune ça...et idiot en plus. Bien sûr, je me la suis jouée punk mais que de la pose ou presque. Sans y croire vraiment, croire en quoi à propos? En Saint-Soixante-Dix-Sept? En l'évangile selon St-Valstar? J'y étais pas en 77, bien trop jeune, bien trop plouc de banlieue, juste bon à décortiquer le double blanc. Jusqu'au jour où il m'est tombé dessus fin 79 début 80 avec London Calling des Clash. Et là, on comprend de suite qu'il y a schisme n'est-ce pas? Je découvre « le punk » avec LE groupe punk au moment même où celui-ci renie le T-Shirt déchiré pour le costard de gangster! Je bénie les dieux pour cet instant magique qui a commencé, au retour de la FNAC, lorsque le diamant s'est posé, une première fois, sur Brand new cadillac. Je les bénie aussi pour m'avoir éviter de vivre, à la place, l'expérience avec Exploited. Comme quoi, ça tient à peu de choses le destin. Mais après tout, je n'étais pas si vierge que ça en la matière. J'avais déjà bien intégré Helter Skelter et Yer Blues. Malgré tout, il a bien fallu s'y mettre au punk label rouge: Ramones, Pistols, premiers Clash, Undertones, Thunders, Saints, Stranglers, Damned, Stiff Little Fingers, des français aussi, La Souris Déglinguée, Oberkampf...et encore, l'appelation contrôlée explose assez vite en vol pour ne laisser qu'une chose essentielle: les chansons. Parce qu'est-ce qui resterait du punk s'il n'y avait pas eu les chansons hein? Que dalle. Certainement pas cette foutaise de réponse collective incarnée par le misérable (et mal compris) no future . Qu'une sociologie, voire même une philosophie, punk existe, c'est sûr, lisez le pénible Greil Marcus pour cela mais si c'est pour supporter une vision cauchemardesque de crêtes rouges, vertes, d'infâmes Doc Martens, de faux Perfectos cloutés, d'alternatives stupéfiantes de naïveté, de tatouages ratés et de pauvres chiens obligés d'écouter du djembé, non merci, je préfère de vrais hippies à clochettes. Pire encore, à l'opposé, la fashion punk attitude modélisée et marketée dès le début par les épouvantables Malcom Mc Laren et Vivienne Westwood et qui sévit encore aujourd'ui dans les pages de magazines féminins. Autant vous dire que tout ce punk là, en dehors de la musique, une certaine musique même, n'existe pas pour moi. Il est mort, avant de naître même. Mais tout de même un certain esprit non? Une lutte intérieure d'anti-embourgeoisement, une manière comme une autre de dire fuck off à la société, à l'establishment, etc. Ok, alors là, on arrête de suite, d'accord? Tout aussi con que ce fameux esprit rock que l'on devrait retrouver chez Rimbaud ou chez Artaud, n'est-ce pas? Ma grand-mère aussi était punk parfois...

Revenons à cette musique qui, d'ailleurs existait bien avant 77. Quoique c'est quand même embêtant d'accoupler musique et punk. Musicien punk! Ça ressemble à un oxymore, un peu comme royaliste de gauche (je ne vise personne)...Mais quand même, que de confusions, que de malentendus à ce sujet! Combien de fois après un concert ai-je entendu « waooow, c'était punk hein? »...de la merde oui! En gros, des Ramones je retiens wan-da-fra-far et le speed, des Clash la conscience politique et des Pistols la ridicule garde-robe. Qui a dit qu'il suffisait de jouer fort, vite, fun (l'horrible nez rouge bérurien), parfois en short et mal pour faire du punk? Beaucoup trop de gens malheureusement. Prenez les Ramones justement, du punk rock faussement facile à jouer, qu'il faut mettre en place, avec le son, avec cette précision dans le jeu de guitare, certes primitif et tout en barrés, de Johnny Ramone, et par dessus tout, la voix fantastique de Joey. Comment peut-on croire que le moindre crétin des Pyrenées est capable d'en faire autant? Qui plus est, lorsque le crétin en question revendique son inculture crasse de l'héritage 50's, 60's et début 70's.
Concluons par un petit juke-box punk plus ou moins AOC avec 10 punk smah hits. J'aurais préféré y inclure Thunders plutôt que les Pistols mais Pretty Vacant est incontournable. Les Stranglers pourraient y être mais ça me ferait trop mal aux seins d'honorer ce groupe décidément atroce. J'ai une tendresse trop particulière pour John Felice et les Real Kids, Willie Loco aussi, pour les cantonner ici. Enfin, j'ai exclu volontairement le punk sixties qui mériterait un juke-box à part. De toutes façons, vous pouvez tout discuter sauf le numéro 1 de la liste, indépassable chef-d'oeuvre de rage adolescente.