En route vers le Sussex

Publié le par Joel Calatayud

Pour écouter le nouvel album de Psycho Lemon, j'ai d'abord mis mon costume trois-pièces en velours côtelé (couleur fauve), chemise noire, cravate à pois puis j'ai sorti la Triumph TR5 du garage. J'ai introduit délicatement le CD dans le poste et fait monter doucement le régime du 6 cylindres à injection. Il pleuvait mais pour ce qui allait suivre, c'était parfait. Disque d'automne. Bien sûr la campagne anglaise aurait été plus appropriée mais, un instant, il m'a semblé croiser John Steed et Emma Peel. Entre Toulouse et Labarthe sur Lèze? Hum...c'est étrange. J'ai dégusté le dernier After Eight qui restait dans la boîte à gants, allumé une John Player Special...pensée nostalgique pour Ronnie Peterson . Mon dieu, je suis dans un monde où ni Cali, ni Bénabar et ni Grand Corps Malade n'existent et c'est merveilleux! Toutes les chansons sont parfaites. Sûr, on a déjà entendu ça quelque part - à chaque coin d'un couplet, d'un refrain ou d'un pont, on devine les racines (premier Floyd, Kevin Ayers, le Velvet période Loaded, Beatles, Belle & Sebastien, le trop méconnu Martin Newell...) - et alors? Tant mieux, on sent bien les ficelles (les ponts, les passages imparables majeurs/mineurs) mais elles sont si bien tirées quand bien d'autres en usent comme des cordes à noeuds. Les chansons de Rem Austin (plus Cooper que Texas) ont ce pouvoir rare et magique de téléportation. Certes, on voyage d'abord à travers la perfide Albion avec le merveilleux Flowers for Shawn (ah! ces choeurs ravissants d'Ann), les mélancoliques Quite mad in the rain et Dark Swan ou le très barettien Escape number 13 mais la plupart du temps on se sent aussi léger que Tommie Lee Jones dans son ultime voyage à la fin de Space Cowboys. La cohérence du disque tient en grande partie au couple keyboards/mellotron - fantastique sur American gods -  et au mid-tempo des morceaux. En général, face à une telle configuration j'ai tendance à m'ennuyer ferme (Air, Mercury Rev) et à vite réclamer ma dose de Telecaster/Gibson, là, pas du tout. 1974 moon glasses clôt l'album dans une atmosphère faussement joyeuse qui me fait penser curieusement à du Leonard Cohen chanté par les Beach Boys. En moins de 40 minutes on a envie de refaire la balade, pourquoi pas à vélo? (Where is your bike, Richard?). Tiens, c'est vrai au fait, il est où ton vélo, Richard?

Psycho Lemon – Squeeze an orange (ELP, 2008)

 

Publié dans Collègues De Travail

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